ديسمبر 06, 2024

Les Réfugiés palestiniens en Irak

RefugiesMission effectuée en Irak du 10 au 17 juin 2003 Par le Dr Haytham Manna Porte-parole de la Commission arabe des droits humains

Au commencement… :

peu d’Irakiens, encore moins les sociétés arabes et le reste du monde, connaissent la véritable situation des Palestiniens en Irak. Ceux que les journalistes occidentaux avait surnommé les « Palestiniens de Saddam » sont en réalité les oubliés de l’ONU, de la communauté internationale, de la Ligue arabe et des pouvoirs successifs en Irak. Pire, il y a même ceux qui les jalousent pour leur situation privilégiée supposée, du fait que le discours de Saddam Hussein suggérait en permanence que les Palestiniens étaient les plus proches du régime, et partant qu’ils jouissaient de toutes sortes de privilèges.

 C’est ainsi que lorsque j’ai fait part à l’un des dirigeants de l’opposition irakienne de mon intention d’enquêter sur la situation des réfugiés palestiniens en Irak au cours de mon séjour à Bagdad, celui-ci me mit en garde : « Fait attention, ce milieu pilule de partisans de Saddam et de ses moukhabarat ». Mais lorsque je suis retourné à la même personne, et lui ai rapporté ce que j’y ai vu, ses yeux larmoyèrent et me répondit : « Il n’est pas étonnant que le citoyen lambda soit dupé. Moi-même, j’ignore cette réalité ». Le journal jordanien «El- Majd » est allé plus loin, en écrivant à leur propos que : « Bagdad leur a accordé tous les privilèges à l’exception de la propriété de la terre et de biens immobiliers ». Tandis qu’une autre publication arabe ne s’est pas, elle, empêchée, après le 11 avril 2003, de comparer leur bien-être, en titrant : « du bien-être à l’heure des comptes ».

 Aussi, ce bref rapport vise-t-il à montrer la réalité des réfugiés palestiniens en Irak depuis leur arrivée en 1948, dans l’espoir que ces victimes finiront par bénéficier du minimum de dignité, à laquelle a droit toute communauté de réfugiés, et qu’ils ne soient pas à la merci de la nouvelle conjoncture politique en Irak, comme ils l’ont été par le passé.

 Aperçu historique :

l’armée irakienne, qui se trouvait en Palestine lors de la Nakba (la catastrophe), de 1948, suite à la guerre avec Israël, avait mis sur pied le « Groupe [armée] palestinien Al Karmel », en recrutant des villageois résidant dans le sud de Haïfa et du triangle, et transféra en Irak durant l’été de la même année les quelques 3 à 4000 membres de leurs familles. Ces dernières sont originaires de Ijzim, Ain Ghazal, Jaba’, Sarafund, al-Mazar, ‘Arat, ‘Arara, Tuntura, Teira, Kafarland, ‘Atlit, Um al-Zienat, Um al-Faham and Ain al-Howd.

 Entre leur arrivée dans ce pays et 1950, c’est au ministère irakien de la Défense qu’a incombé la prise en charge et la gestion administrative des affaires des réfugiés palestiniens. On commença alors par les héberger dans les casernes de l’armée à Chaïba, à Bassora ; dans certains clubs à Mossoul ; dans les gouvernorats de Abou Gharib et Hawidja ; et dans certaines écoles et édifices publics. La situation demeura ainsi jusqu’en 1958, date de la conclusion d’un accord entre l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et l’Etat irakien. Cet accord stipule que ce dernier prenne en charge les Palestiniens, et qu’il est en échange exempté de ses redevances financières envers l’ONU. Entre-temps, soit après 1950, ces Palestiniens sont passés sous la tutelle du ministère irakien du Travail et des Affaires sociales, lequel mit en place dans ce but une Direction des affaires palestiniennes, sans pour autant promulguer une loi qui définit le statut juridique de ces derniers. Ils furent aussi de nouveau répartis dans des habitations collectives dans des refuges et d’autres types de locaux.

 La démographie :

le nombre de Palestiniens en Irak s’est accru presque au même rythme que celui de la population irakienne. C’est ainsi qu’au 10.04.1969, 13 743 réfugiés palestiniens avaient été enregistrés au niveau de la Direction des affaires palestiniennes, dont 13 208 à Bagdad, 335 à Mossoul et 200 à Bassora. Dix ans plus tard, l’OLP a recensé 19 184 de ses ressortissants dans ce pays. En 1986, l’Office irakien des statistiques avança le chiffre de 27 mille. Pour 2000, la plupart des estimations se sont accordées sur le chiffre de 35 mille palestiniens en Irak, recensés comme réfugiés. Un nombre proche de Palestiniens disposant de passeports et de documents officiels de divers pays arabes y a été recensé, également. Ces Palestiniens ont pénétré en Irak suite soit à la guerre israélo-arabe de Juin 1967, soit au massacre des Palestiniens en 1970 en Jordanie, soit lors de la deuxième guerre du Golfe de 1991. Cette catégorie n’entre toutefois pas dans la définition du réfugié palestinien, qui doit être :

1- originaire d’une région de Palestine occupée par Israël en 1948 ;

2- entré en Irak avant le 25.09.1958. Pour faciliter le regroupement familial, une dérogation permet à l’épouse de faire partie de cette catégorie, si son mari a été enregistré avant 1961. Mais ce droit n’est pas accordé à l’époux.

 Quant au budget de ladite direction, fixé au départ à 200 mille dinars irakiens, il n’a pas bougé entre 1950 et 1970, malgré l’augmentation du nombre des réfugiés.

 Selon Abou Anass, un Palestinien d’Irak : « La politique suivie en matière d’hébergement des Palestiniens en Irak, était erronée et dépourvue de………., ainsi que de recherche d’une solution efficace. La mentalité administrative et politique cherchait constamment des palliatifs, en dépit du nombre limité de réfugiés [palestiniens en Irak] comparativement aux autres pays arabes. Cette mentalité s’était attachée au système des refuges, malgré tous les risques  sur les plans moral, sanitaire, psychologique et social ». En effet, les gouvernements irakiens successifs ont tous suivi le système des refuges, comme solution provisoire au problème des réfugiés palestiniens.

 Ces propos sont confirmés par la lecture de l’étude de Issam Sakhnin intitulée « les Palestiniens en Irak ». Elle y aborde le système des refuges, institué il y a 32 ans, symbole de l’ampleur de la tragédie des réfugiés palestiniens en Irak. Ainsi est-il écrit : « C’est un modèle unique d’habitat collectif. Je ne pense pas qu’une société quelconque a pu connaître de pire, au cours des trente dernières années du XXè siècle».

 Le refuge est une grande bâtisse, qui se compose parfois de 80 pièces, voire davantage. C’est le plus souvent une ancienne école ou un hôtel désaffecté pour sa vétusté, que la Direction des affaires palestiniennes loue, et dans lequel elle parque de façon inhumaine les familles pauvres palestiniennes. En voici la description :

a-un refuge comprend entre 24 et 61 familles de réfugiés ;

b- chaque famille de six membres dispose d’une seule chambre aux murs détruits et aux plafonds troués. Si elle dépasse ce nombre, la loi est censée lui attribuer une seconde pièce. Mais comme souvent, la réalité ne va pas de paire avec la loi. Ce qui oblige la famille dans la majorité des cas, à diviser en deux à l’aide d’une couverture ou d’un voile, une chambre d’à peine plus de 12 m2. Le refuge est renforcé par des pièces en tôle, lesquelles luttent depuis trois décennies,  contre la croissance démographique ;

c-la majorité de ces refuges tombent en ruine, que les occupants ne font que « remplir » ;

d- l’infrastructure sanitaire est rare ou inexistante. Ainsi, un refuge, qui abrite quelquefois plus de 30 familles, ne dispose que d’un seul cabinet de toilette ; ou de trois pour les plus chanceux ;

e-les bennes à ordure s’amoncellent devant les portes des refuges et se transforment dans la chaleur caniculaire de Bagdad en foyer pour les maladies.

Les eaux sales obstruent les passages : faute de canalisations d’égout, elles ne peuvent s’écouler que dans la voie publique et l’entrée des refuges ;

f-les allées sont sombres, humides et étroites. Ils sont transformées en airs de jeu par des enfants bruyants ;

g-à cause de la chaleur étouffante, et à l’instar des Bagdadis, toutes les familles d’un refuge, qui dispose d’une terrasse, sont contraints de dormir sur cette dernière les nuits d’été. Le drame apparaît quand la terrasse est divisée en deux par une couverture, où d’un côté dorment les femmes et de l’autre les hommes.

 Dans sa thèse de magistère, soutenue en 1977, à l’université de Bagdad, M. Younès Taha avait dressé une liste nominative de ces refuges, qu’occupent 11,97% des réfugiés palestiniens. Il indique qu’à cette époque, la Direction des affaires palestiniennes « avait envisagé d’évacuer totalement ces lieux et de reloger les réfugiés dans des immeubles neufs ». Nous pouvons, grâce aux photos du refuge de Zahfarania publiées en annexe, nous rendre compte par nous-mêmes, si ces promesses ont été tenues.

 Quant au deuxième type d’habitations, il est connu sous le nom des logements vacants réquisitionnés . Ils font partie des biens appartenant aux Juifs irakiens, qui ont émigré en Palestine. Ces logements furent alors attribués à des Irakiens et à des Palestiniens. Ce sont eux aussi des habitations vétustes, qui n’ont pas résisté aux bouleversements démographiques. Les gens les appellent par dérision, les « Six palais », parce certains les trouvent magnifiques par rapport aux autres habitations de la capitale. Ils nous ont paru, pour notre part, dépourvus du minimum pour pouvoir vivre décemment. A cause de la pression démographique, ces lieux habitations, gérés selon le même système que celui des refuges, ont été agrandies par des chambres en tôle, à cause de la pression démographique. C’est ainsi que chaque maison, qui abritait cinq familles palestiniennes dans les années soixante, en abrite vingt, aujourd’hui. Nous avons enregistré dans les « Cinq palais » (et non pas six comme il se dit) la présence de plus de 110 familles (voir photos en annexe).

 Viennent ensuite les maisons louées. Ce sont des maisons ordinaires que la Direction des affaires palestiniennes loue au profit des réfugiés palestiniens, pour un loyer annuel global de 24 mille dinars irakiens, dans les années 1980. Mais dès la tombée du précédent régime, les propriétaires de ces logements ont brusquement envahi ces derniers pour réclamer avec véhémence la récupération de leurs biens, car le gouvernement les loue auprès d’eux, à des montants dérisoires, et qui n’ont jamais été réévalués. Ces propriétaires ont donc trouvé dans l’absence d’autorité l’occasion pour tenter d’expulser leurs locataires palestiniens. Cette réaction a vu naître chez ces réfugiés le spectre des camps de toile dans la mémoire collective palestinienne.

 Il y a enfin, les logements sociaux des particuliers. Ils sont considérés par les Palestiniens comme les meilleurs qu’ils occupent. 16 immeubles furent construits dans le quartier Baldyatte à Bagdad, et un autre immeuble à Mossoul, dans le quartier Karamah. Ils se composent de 3 étages et disposent de 4 entrées. Chaque entrée mène à 12 appartements d’une pièce ou de deux pièces, doté chacun  d’un hall, d’une cuisine, de sanitaires et d’une salle de bain. Chaque appartement abrite 2 ou 3 familles, issues d’une même famille élargie. La construction de ce type d’immeubles est, cependant, à l’arrêt depuis 1980.

 Les lieux de résidence des Palestiniens à Bagdad sont les suivants :

-le quartier des Baldiat, qui représente la plus grande concentration des réfugiés palestiniens : environ 1600 familles, réparties dans 16 immeubles de 768 appartements ;

-6 refuges de concentration moyenne dans le nouveau Bagdad. Ce sont d’anciennes cliniques pour les bêtes ;

-24 petits appartements sociaux, dans le quartier Tel Mohamed ;

-3 refuges, dont l’un tombant en ruine, de 45 appartements au total, dans le quartier Amine ;

-3 refuges  à Zafarania, et 8 appartements sociaux. Les occupants y vivent dans des conditions  inhumaines;

-3 refuges dans le quartier de la Liberté : l’un est grand, les deux autres de moyenne importance, totalisant 129 petits appartements sociaux ;

-les logements vacants réquisitionnés dans le quartier de la Paix et 68 petits appartements sociaux ;

-68 logements de divers types dans les quartiers Batawine, Djihad, Abou Tachir, etc.

 706 familles furent évacuées de leurs logements, dont certaines furent entassées ailleurs avec les meubles. De même qu’a été mis en place le camp de toile le « Retour », dans le club Palestine, au quartier des Baldyatte, afin d’absorber le plus grand nombre possible de familles, confrontées à une situation extrêmement difficile. Voici la description, effectuées le mercredi 11.06.2003, de la situation de 295 familles qui ne peuvent compter sur aucune aide :

 Lieu                                Nbre de familles                     Nombre de personnes

.Camp du « Retour » dans

quartier des Baldiat                       240                                                    1117

 .écoles/Baldiat                             18                                                       85

.  ouvroir /Baldiat                         18                                                     73

.caserne Qods dans le

quartier de la Paix                       17                                                    82

.Assemblée du peuple/

Baldyatte                                   1                                                               3

.association/Baldiat                     1                                                               7

Total :                                                                                                             1367

 Il faudrait signaler que 1018 réfugiés palestiniens ont récemment tenté de rejoindre la Jordanie. Devant le refus de les laisser pénétrer, 900 d’entre eux demeurent dans les camp de d’Al-hilal et de Rouiched près de Rouiched sur la frontière avec la Jordanie.

 Le statut juridique des réfugiés palestiniens ?

 les déboires du statut juridique des réfugiés palestiniens donne une idée de l’éloignement des autorités irakiennes de l’Etat de droit. Depuis quarante ans, le discours politique officiel exprime un soutien inconditionnel à la cause et au peuple palestiniens, à un point tel qu’on croirait l’Irak, un paradis pour ces derniers. Alors qu’en réalité, ceux-ci sont en butte à de nombreuses tracasseries dans les domaines du travail, du logement, des voyages à l’étranger… Les travailleurs palestiniens réunissent en eux autant les inconvénients des étrangers que les injustices subies par les Irakiens de la part de leur régime. C’est ainsi que nous ne parvenons pas à nous expliquer le fait qu’ils aient le droit de voyager une fois par an (cette mesure, entrée en vigueur avant la première guerre du Golfe de 1991 et l’embargo qui s’en est suivi contre l’Irak, fut maintenue jusqu’à l’effondrement du régime de Saddam Hussein), et pas celui d’ouvrir un compte d’épargne à la poste.

 Plusieurs décisions gouvernementales accorde en théorie le droit de propriété aux ressortissants palestiniens établis en Irak, car la réalité est tout autre. Le document officiel signé, 80 jours après la guerre de Juin 1967, par Ahmed Haboubi, ancien ministre du Travail et des Affaires sociales, et sur lequel nous sommes tombés, reflète on ne peut mieux le véritable statut juridique des Palestiniens en Irak. « J’ai visité, rapporte ce ministre, les refuges habités par nos frères palestiniens, et je suis terrifié par ce que j’ai vu. Je n’exagérerais pas si je compare [ces refuges] à des tombeaux habités par des vivants ; ils n’en diffèrent ni de près ni de loin. Le soleil n’y a pas sa place. Il n’y a pas d’aération, comme si l’air pure en a été expulsé. Ces refuges sont de vieilles bâtisses ……. qui menacent la vie de ses habitants, lesquels vivent dans cette angoisse en permanence. Une famille de 7 à 12 membres occupent une seule chambre, de 3 m sur 3,25 m. Elle leur sert aussi bien de lieu pour préparer les repas, laver les vêtements, ………, que pour se doucher et de dormir, ainsi que d’aire de jeu pour les enfants. Aucune cloison ne sépare les familles entre elles. La promiscuité qui règne entre jeunes gens et jeunes filles constitue un danger, en plus des risques de propagation des maladies et des épidémies. L’hygiène est y presque inexistante. Le plus grand problème ……….comme dit le proverbe : « Il faut voir pour croire ». Dans ces lieux, l’être humain perd son humanité et sa vie régresse au point de ressembler à celle de l’animal. Je dis cela avec beaucoup de peine, tout en étant convaincu que votre honorable conseil [il s’agit du Conseil des ministres irakiens] accordera à ce problème l’intérêt nécessaire, afin de sauver ces malheureux de leur situation critique, lesquels ont perdu tout espoir de s’en sortir. Je ne vous cache pas l’amertume, que j’ai éprouvée, quand je croisais les regards des enfants, des femmes,  des vieillards. Leurs visages pâlissaient et leurs yeux baissaient………..(Est-ce ainsi que vivent ceux qui doivent retourner [un jour en Palestine] ?) »

 A la suite de cette « bombe », une commission ministérielle s’est réunie et a dégagé des recommandations ayant trait à l’attribution de terrains à bâtir et de prêts en matériaux de construction aux frères palestiniens, en attendant leur retour dans leur patrie. Le décret n° 1 de 1968, spécifiques aux Palestiniens, leur octroie également une aide financière ;

-Après ces promesses fermes, est survenu le coup d’Etat du parti ba’ath, en juillet 1968. Le Conseil du commandement de la révolution promulgue le décret n° 366 relatif au règlement de la crise du logement. Il préconise la construction de logements sociaux, dotés de toutes les commodités, au lieu de terrains, qu’il était initialement prévu de réserver aux Palestiniens. Cette loi avait également décrété l’égalité entre Palestiniens et Irakiens en matière d’embauche, de retraite, de congés payés, de crédits bancaires et de bourses d’études à l’étranger. En revanche, elle leur avait interdit l’achat de terrains, la construction de logements et la demande de prêts immobiliers ;

– le décret n° 1 de 1981 accorde aux Palestiniens certains droits dans le domaine immobilier, et la jouissance d’un seul logement, après approbation du ministère de l’Intérieur (Violette, la jouissance d’un seul logement ;

– la circulaire n° 5, de 1983, conditionne l’accord préalable des organismes publics du travail et de l’enseignement professionnel pour le recrutement d’un Palestinien ou le passage de celui-ci d’un lieu de travail à un autre ;

– le Conseil du commandement de la révolution promulgue un nouveau décret, lequel autorise les réfugiés palestiniens, à accéder à la propriété d’un seul local d’habitation ;

-en 1989, Saddam Hussein promulgue un décret qui suspend pour une durée de cinq ans l’application des mesures citées plus haut ;

-en 1997, le même chef de l’Etat promulgue un autre décret lequel accorde aux Palestiniens titulaires de médailles du parti le droit d’acquérir une parcelle de terrain à bâtir.

 Lors de la seconde intifadha, plusieurs nouveaux décrets faisant plusieurs dons à la colonie palestinienne en Irak avaient été promulgués. Mais l’existence de ces dons ne furent connu que par le biais de la presse.

 Le problème fondamental du traitement du dossier de ces réfugiés, réside dans le fait que la question palestinienne constitue une marchandise parmi d’autres de la propagande officielle du régime, et que celui-ci instrumentalisa à son unique profit. En fin de compte, l’ensemble de ces lois n’étaient que de l’encre sur papier, à l’exception des tentatives des débuts des années 1970, qui ont permis une amélioration des conditions de vie d’une frange de ces réfugiés. Tandis que durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, on a conditionné toute amélioration de la situation personnelle du Palestinien, par son allégeance au pouvoir et au parti. Ces agissements ont marginalisé l’immense majorité des réfugiés palestiniens au profit d’une infime minorité de privilégiés.

 Recommandations :

nous sommes face à un drame aux multiples dimensions, dont la première est le statut particulier des réfugiés palestiniens en Irak. En effet, le retrait de ces derniers de l’assistance des organismes onusiens, en particulier de la Unrwa, a lié leur sort, pas seulement politique, directement au pouvoir en place. Aussi, le Haut-Commissaire des Nations unies doit-il discuter de l’ensemble des rapports des Palestiniens en Irak avec le Unrwa, et considérer comme nul et non avenu l’accord de 1958 entre lui et l’Etat irakien. Ces mesures baliseront le terrain pour une révision sur des bases nouvelles et claires du statut juridique des réfugiés palestiniens en Irak, ainsi que leurs rapports avec toute autorité irakienne à venir.

 Cette orientation est la plus saine pour l’avenir de ces réfugiés en Irak et leur droit au retour en Palestine. Toutefois, la situation déplorable, dans laquelle ils se débattent depuis fort longtemps, exige la prise de dispositions urgentes en leur faveur. Il s’agit :

-de mettre fin à leurs dramatiques conditions de vie de ces réfugiés dans les camps de toile en les transférant dans des logements décents. Cette mesure ne doit pas être une simple éventualité, mais constituer une proposition, car elle ne nécessite pas de décision administrative. Nous avons obtenu la promesse d’une réponse rapide à cette demande et nous espérons que cet engagement soit respecté ;

-pour les organisations humanitaires et de bienfaisance, ainsi que pour les organismes gouvernementaux  d’agir de concert, afin d’apporter une aide multiforme urgente aux occupants des refuges, dans l’attente d’une solution radicale à cette situation inhumaine ;

-de leur offrir des possibilités de travail de façon normale, et donc sans discrimination, et d’abolir toutes les décisions gouvernementales contraignantes pour la vie quotidienne des réfugiés ;

-pour les organisations irakiennes naissantes des droits de l’homme de faire connaître aux Irakiens la situation dramatique des Palestiniens en Irak, et de s’employer à rapprocher les deux peuples, en faisant taire les rumeurs malveillantes et avorter les provocations, entreprise sous l’instigation d’une partie étrangère et de milieux politiquement douteux. Ces derniers font courir des bruits comme quoi la colonie palestinienne en Irak était au service du régime de Saddam Hussein, et qu’elle bénéficiait à ce titre de privilèges. Celle-ci  dissimulerait les capitaux et les aides que le président irakien lui aurait attribués, ainsi que d’autres rumeurs aussi fantaisistes et qu’étrangères aux traditions politiques irakiennes. Nous empruntons les paroles du poète pour dire aux Irakiens et aux Palestiniens des quartiers pauvres : « ش mes voisins, deux pauvres sont ici, et tout pauvre est un proche d’un autre pauvre ».

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-Je remercie Abu Ali, Abu Annas, Abu Hazim, et les jeunes palestiniens des refuges et des camps de toile, pour l’aide précieuse et fraternelle, qu’ils m’ont apportée pour la confection de ce dossier. Ils ont ainsi facilité mes déplacements et m’ont introduit partout, où je pouvais récupérer des documents officiels, glaner des informations et recueillir des témoignages.

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Traduit de l’arabe par Hakim Arabdiou   Paris, le 24.06.2003