أكتوبر 13, 2024

La nécessité et la loi

la necessite et la loiCommunication présentée à la conférence sur les dangers de la justice anti-terroriste sur le droit et les libertés individuelles, cas de Taysir Alony,

L’ONU a choisi des experts de différents pays pour définir la notion de sécurité.

La conclusion la plus importante de ce groupe de travail est qu’une définition restrictive de ce concept est l’une des raisons principales des crises que nous vivons à notre époque ; d’où la nécessité d’une nouvelle définition qui pourrait s’intituler « sécurité humaine » et qui nous ferait sortir des tristes dualités de notre époque : « Le camp du bien et le camp du mal », « l’arme du pouvoir et le pouvoir des armes », « la nécessité et la loi ».

La globalisation de l’état d’urgence après le 11 septembre 2001 a reconduit la célèbre règle latine necessitas legem non habet  « nécessité n’a point de loi »; en conséquence de quoi l’autoritarisme d’Etat s’érige en règle au détriment de la conception libérale de l’Etat. (Ainsi que le conçoivent Sharansky, Wolfowitz, Rumsfeld et Bush junior).

Car la règle de la « nécessité » qu’elle soit révolutionnaire, nationale, religieuse ou même libérale est à l’origine des tribunaux de l’inquisition, des camps de déportation nazis, du Goulag, des Khmers rouges de Deir Yassine , Jenine, Halabja, Nadjef ou Falloudja.

 Nous sommes de ceux qui pensent que le sursaut civilisationnel vers l’Etat de droit enfanté par l’humanité dans les spasmes de la douleur depuis plus de 2500 ans ne doit pas être sacrifié sur l’autel  de la volonté des Etats-Unis de bâtir un nouvel empire  à l’ère où les empires sont considérés comme des reliques antérieures aux principes universels des droits de l’homme.

 De là notre opposition au concept de l’état d’urgence et aux lois d’exception car l’histoire nous a appris que la solution sécuritaire traditionnelle n’a jamais constituée la panacée pour résoudre la question de la violence interne ou externe.

Taysir Alouni n’est pas la seule victime des lois anti-terroristes d’exception, mais constitue sans aucun doute le symbole  de résistance à la pensée sécuritaire dans la gouvernance du monde par le prix payé à travers un dossier ridicule, dramatique et inconsistant.

Quoi d’étonnant alors si, comme nous l’a confié une responsable au département américain de la justice, seulement 8 dossiers relatifs aux déportés de Guantanamo sont légalement susceptibles d’aboutir à des condamnations judiciaires.

Quoi d’étonnant quand, le jour ou nous avions, seuls, pris parti pour Samy Al Hadj, nous étions accusés de cautionner le terrorisme, avant que  son innocence n’éclate au grand jour.

Quoi d’étonnant, lorsque la presse « anti-terroriste » présente un adolescent traité par l’un de mes confrères psychiatre à Paris, comme « la tête pensante » du plus grand réseau de recrutement des jeunes de la deuxième génération comme volontaires pour l’Irak.

Et naturellement, sous la signature du journaliste, cette mention omniprésente : « Expert en terrorisme ».

Quoi d’étonnant lorsque l’industrie du terrorisme est devenue le pilier économique de la guerre psychologique, culturelle, économique et géopolitique de notre époque.

Le maintien en détention de Taysir Alony constituera la preuve symbolique que cette guerre ne fait pas de distinction.

Sa libération au contraire démontrera que la société civile internationale, les partisans de la légalité, des droits de l’homme et de la liberté d’expression ont encore les ressources nécessaires pour mettre un terme aux abus de la justice anti-terroriste ou du moins d’en atténuer les conséquences tragiques.

La société civile internationale a déjà réussie à sortir l’agression contre l’Irak du cadre de l’Organisation des Nations unies.

Si le peuple espagnol a réussi à dégager le pays du marécage irakien, qu’en sera t-il du gouvernement et du pouvoir judiciaire actuels : Réussiront-ils à placer la Justice et les Principes supérieurs au dessus des lois d’exception édictées dans une conjoncture particulière connue de tous

Tel est l’immense défi que devront relever aujourd’hui le Gouvernement Zapatero et la Justice espagnole.

 Madrid 31/1/2005